Elle appâte sa victime et filme l'agression avec son portable

Publié le 21 février 2010
Thème(s) : Droit des victimes

La tête entre les mains, les deux prévenus attendent d'être fixés sur leur sort. Ils ont demandé un délai pour préparer leur défense, le tribunal doit donc simplement statuer sur le placement en détention requis par le substitut du procureur. Me Focachon ne cache pas sa crainte. « Même si mon client n'a aucun antécédent judiciaire, les faits dont il est accusé sont particulièrement graves. » Tout juste majeurs, les deux Châlonnais faisaient l'objet hier d'une procédure de comparution immédiate pour des faits de vol avec violence en réunion.
Le tribunal a finalement décidé de renvoyer les deux prévenus devant un juge d'instruction. « Il s'agit de préciser les responsabilités de chacun dans ce dossier », leur a expliqué le président. Le tribunal a décidé de délivrer un mandat de dépôt à l'issue de l'audience.

 
Bryan, lui, vient de comprendre que deux de ses bourreaux dormiront le soir même en prison. Cet adolescent de 15 ans, qui réside dans le quartier Schmit, doit à ces deux hommes et à trois de leurs amis mineurs d'avoir vécu la pire soirée de sa vie. Lundi soir, vers 22 h 30, il se rend à un rendez-vous amoureux au jard anglais. Le lieu de rencontre est fixé par une adolescente, rencontrée via internet. Sans difficulté, elle réussit à appâter sa victime. Finalement, Bryan se retrouve nez à nez avec cinq agresseurs. Quatre sont encagoulés.
Ils le rouent de coups, lui volent une partie de ses vêtements, sa chaîne en or et ses chaussures. Son pantalon est baissé. La scène est filmée par l'adolescente. La victime réussit à ôter la cagoule de l'un de ses tortionnaires. Finalement, ces derniers abandonneront Bryan, inconscient.

 
Lors de son audition, l'un des prévenus dira simplement : « Il a eu des spasmes et puis plus rien. On pensait qu'il était mort. » Un aveu qui fait froid dans le dos. Heureusement, le parallèle avec « L'appât », le film de Bertrand Tavernier, s'arrête là. Bryan sera secouru par Alice, une automobiliste de 23 ans qui a aperçu l'ado titubant le long de la route.
Le téléphone portable de Bryan, utilisé par l'adolescente le soir de l'agression, permet aux policiers d'identifier les cinq individus. Convoqué jeudi matin au commissariat de Châlons, Bryan reconnaît sans difficulté deux de ses agresseurs. Ces derniers ont d'ailleurs avoué les faits au cours de leur garde à vue.
Présentés au juge des enfants, les trois mineurs ont été placés dans des foyers. Hier, le juge d'instruction a mis en examen leurs deux acolytes pour vol avec violence. Ils ont été placés en détention provisoire.

 
Une ITT de 30 jours a été délivrée à l'encontre de Bryan. Son avocat, Me Couvreur, a réclamé une expertise médicale.
Corinne LANGE

Chantal FOCACHON, avocate à châlons en droit pénal et droit des étrangers
Chantal FOCACHON
Avocat associé

Dans la même thématique

Quelles réponses face au harcèlement scolaire ?

Publié le 28 novembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Droit pénal
Le harcèlement scolaire est aujourd’hui devenu un problème sociétal profondément enraciné dans la société. Focus sur les solutions politiques, pénales et disciplinaires à disposition des victimes et de leurs parents.

La Cour de cassation confirme sa position en alignant la pension d’invalidité sur le régime de la rente accident du travail

Publié le 13 septembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes
La Cour de cassation confirme sa position en alignant la pension d’invalidité sur le régime de la rente accident du travail : la pension d'invalidité ne répare pas le déficit fonctionnel permanent (DFP).

La Cour de cassation opère un revirement attendu sur la rente accident travail

Publié le 06 février 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Accident de travail, maladie professionnelle, Thème : Droit des victimes

Une injustice existait depuis longtemps pour les victimes d’accident du travail qui voyaient diminuer leur indemnisation du déficit fonctionnel permanent en cas de rente AT.

En effet, la Cour de cassation avait décidé que la rente versée aux victimes d’un accident du travail devait être déduite des postes professionnels (pertes de gains professionnels futurs et incidence professionnelle), ce qui se comprenait, mais aussi du déficit fonctionnel permanent. Ce qui était très largement décrié par les avocats de victime.

L’arrêt V13 (attentats du 13 novembre 2015)

Publié le 25 octobre 2022 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat
L’arrêt V13 (attentats du 13 novembre 2015) sur intérêts civils a été rendu ce matin par la Cour d’assises spécialement composée. Il s’agit de la partie d’un arrêt qui décide qui peut être considéré comme partie civile, c'est-à-dire comme victime au sens du droit pénal à la suite des condamnations pour tentative d’assassinat terroriste, complicité, association de malfaiteurs, terroriste ou non. Cette décision est importante en ce qu’elle tranche des questions qui étaient toujours pendantes près de 8 années après les faits et surtout parce qu’elle pose un cadre qui, au-delà des seuls attentats du 13 novembre, permettra de résoudre des questions consécutives à d’autres attentats.

Les frères CLAIN : mort non officielle et condamnation exemplaire

Publié le 08 septembre 2022 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

A la fin du mois de février 2019, les médias ont annoncé la mort des frères Fabien et Jean-Michel CLAIN, jihadistes français, acteurs majeurs de la propagande francophone de l’État islamique, dans des frappes de la coalition internationale.

La Taqqiya ou l’art de la dissimulation dans le jihadisme

Publié le 08 septembre 2022 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

La Cour d’assises antiterroriste spécialement composée de magistrats professionnels juge en ce moment-même vingt individus accusés d’avoir participé aux attentats du 13 novembre : coordinateurs, membres de commandos, logisticiens…

Les débats qui ont lieu sur l’île de la cité, au sein du Palais de justice historique, dans une salle d’audience spécialement construite et aménagée en vue de ce procès, ont à plusieurs reprises fait référence à la Taqqiya.

Procès de l’attentat de Villejuif : Plaidoirie de Gérard CHEMLA

Publié le 16 novembre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

‘Juger c’est comprendre et je ne vous comprends pas Monsieur GHLAM’

Quelques rappels

Le dimanche 19 Avril 2015 au petit matin, Sid Ahmed GHLAM, jeune étudiant parisien dont la famille est installée à St Dizier (52), avait comme projet de s’attaquer aux fidèles de l’église Ste Thérèse de Villejuif.

Les réquisitions dans le procès du projet d’attentat de Villejuif

Publié le 04 novembre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

"On a toujours parlé à tort de l'attentat manqué de Villejuif. C'est oublier qu'Aurélie Châtelain a été assassinée ce dimanche 19 avril sur un parking de Villejuif (…) Elle a été la première et heureusement la seule victime de l'attentat de Villejuif. (...) Elle avait 32 ans et toute la vie devant elle".

Ce sont les premiers mots des avocates générales ce lundi 2 novembre, qui aux termes d’un réquisitoire de six heures, ont requis la condamnation de l’ensemble des accusés.

Sonia MEJRI, l’épouse d’un dirigeant de l’armée secrète de l’Etat Islamique

Publié le 29 octobre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

La Cour d’Assises Spéciale chargée de juger Sid-Ahmed Ghlam et ses coaccusés a entendu comme témoin Sonia Mejri, l’épouse sur zone d’Abdelnasser Benyoucef, cadre de l’état Islamique et principal commanditaire de l’attentat.

C’est l’un des moments forts de ce procès.

Le rôle des femmes au sein de l’Etat islamique

Le rôle des femmes au sein de l’EI est relativement limité ; à la connaissance des services spécialisés, aucune femme n’a eu un pouvoir décisionnaire au sein de l’EI.

Sid-Ahmed GHLAM et le manuel du “parfait petit terroriste”

Publié le 28 octobre 2020 - Thème(s) : Thème : Droit des victimes, Thème : Victime d’attentat

Les enquêteurs ont découvert à l’intérieur du véhicule de Sid-Ahmed Ghlam un classeur de vingt-sept feuilles volantes supportant des annotations manuscrites en langues française et arabe, précisant l’organisation d’un attentat, sorte de manuel pour futur terroriste.

Ce manuel du terroriste, dont Sid-Ahmed Ghlam précisera à l’audience qu’il était en permanence dans son sac à dos, permet de reconstituer ses projets et d’expliquer au moins en partie le déroulement des faits.