Depuis une semaine nous suivons pour le compte de la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs) le procès de Sid Ahmed Ghlam qui se déroule devant la Cour d’assises spéciale (terrorisme) à Paris.
Les faits
On se souviendra que le Dimanche 19 Avril 2015 au petit matin, Sid Ahmed Glham, jeune étudiant dont la famille est installée à St Dizier, avait comme projet de s’attaquer aux fidèles présents dans l’église Ste Thérèse de Villejuif.
Ayant besoin d’une deuxième voiture, il décidait de s’en prendre à une jeune femme, Aurélie Châtelain, qui attendait dans sa voiture garée à proximité de l’hôtel Campanile le début de son cours de pilates qui devait commencer à 9h45.
Alors qu’elle était assise sur le siège passager, il lui tirait par la vitre avant droite une balle dans le corps qui devait la tuer pratiquement sur le coup.
En remettant son révolver dans la ceinture de son pantalon, il accrochait avec le canon de son arme les plis de son tee-shirt et se tirait par mégarde une balle dans la cuisse le blessant légèrement.
Déstabilisé par cette blessure, il roulait sur quelques centaines de mètres, endommageait une roue avant qui l’obligeait à laisser la voiture à moitié sur le trottoir, il essayait de mettre le feu à l’habitacle et prenait la fuite au volant de son propre véhicule.
Il roulait jusqu’à Paris en direction de son studio et appelait le SAMU en expliquant qu’il s’était fait agresser par un jeune d’origine africaine qui lui avait volé ses affaires.
L’enquête
Assez rapidement le lien était fait entre sa blessure et le corps de sa malheureuse victime. On trouvait dans sa voiture une Kalachnikov avec plusieurs chargeurs, un gilet pare-balles, un gilet tactique, plusieurs armes de poing dont celle utilisée pour assassiner Aurélie Chatelain, deux couteaux de cuisine et surtout des documents sur lesquels il avait pris des notes complètes ainsi qu’un ordinateur sur lequel on trouvera des renseignements très précieux.
Il avait en effet noté tout ce qu’il devait faire pour préparer et réaliser avec succès son attentat : deux voitures, un chemin de fuite, des vêtements de rechange, ne pas cracher et se doucher avant pour éviter de laisser de l’ADN, tuer le plus de monde possible, si possible se replier dans un lieu sûr, sinon mourir en martyre …..
On retrouvait également de nombreux échanges avec ses commanditaires qui étaient en Syrie.
L’enquête et l’instruction ont duré près de 5 ans et ont été particulièrement fouillées.
Elles ont permis de comprendre que cet attentat était dans la série qui a commencé en début d’année 2015 avec l’attentat raté de Verviers en Belgique, en partie l’hyper cacher, l’attentat du Thalys et enfin les attentats du 13 Novembre.
Les organisateurs sont Abdelnasser Benyoucef dont le nom de guerre est Abou Moutana, Samir Nouad surnommé Amirouche et Abdelhamid Abbaoud surnommé Abou Omar.
Ce sont les mêmes qui ont organisé les autres attentats, Abbaoud prenant lui-même les armes pour participer personnellement aux attentats du 13 Novembre et finissant par décéder dans l’assaut du squatt de Jawad Bendaoud (dit « le logeur ») le 18 Novembre à St Denis.
Le jugement
Le procès doit durer 5 semaines.
Il permettra de juger :
• Sid Ahmed GHLAM (le terroriste)
• Rabah BOUKAOUMA (le relais logistique des commanditaires dans le 93)
• Farid BRAHAMI (le binôme de BOUKAOUMA)
• Abdelkader JALAL qui a mis en contact BOUKAOUMA avec le fournisseur des gilets pare-balles.
• Mamadou N’DIAYE qui a eu entre ses mains le revolver Sphinx qui a été utilisé ce jour-là.
• Beramdane BESSOUYA qui a eu les kalachnikovs entre les mains
• Johny MARKOVIC qui a récupéré les gilets pare-balles pour JALAL
• Sammy SADAOUI qui est le frère d’Eddy SADAOUI, fournisseur des armes (en fuite pendant l’instruction qui a depuis été placé en détention en Algérie pour ses activités terroristes) et qui semble l’avoir aidé dans ses démarches
• Samir NOUAD, dit Amirouche qui est semble-t-il mort en Syrie (nouvelle non officielle, il est donc jugé malgré tout)
• Abdelnasser BENYOUCEF, dit Abou Moutana qui est semble-t-il mort en Syrie (nouvelle non officielle, il est donc jugé malgré tout)
• Eddy SADAOUI (emprisonné en Algérie)
Ils sont accusés de tentative d’assassinat terroriste et complicité (pour les trois premiers), assassinat d’Aurélie Châtelain, association de malfaiteurs terroriste, association de malfaiteurs et infractions à la législation des armes.
Il n’y a que très peu de parties civiles (La famille d’Aurélie Châtelain, l’AFVT et la FENVAC) et seulement deux cabinets d’avocat.
En défense une quinzaine d’avocats.
Ghlam reconnait la tentative d’attentat (tout en prétendant qu’il avait prévu de tirer en l’air pour ne blesser personne) mais conteste avoir tué Aurélie Châtelain. Il prétend qu’un complice qu’il ne connaissait que sous l’alias de Abou HAMZA serait venu le rejoindre sur le parking où il avait stationné son véhicule à l’arrière de l’institut Gustave ROUSSY, lui aurait emprunté son revolver aurait volé la voiture de la jeune femme et tiré sur Aurélie Châtelain sous ses yeux.
Il lui aurait repris l’arme et se serait blessé volontairement à la cuisse pour ne pas pouvoir commettre l’attentat.
Le mystérieux Abou Hamza aurait ensuite disparu.
Quelques jours après les attentats de Paris, M Ghlam a prétendu avoir reconnu Samy Amimour comme étant le mystérieux Abou Hamza.
Il faut préciser que Samy AMIMOUR est le premier terroriste du 13 Novembre à avoir trouvé la mort dans le Bataclan.
Nous aurons donc à démontrer qu’il s’agit d’un terroriste qui agissait seul et qu’il est à la fois l’auteur de l’assassinat d’Aurélie Châtelain et de la tentative d’attentat contre l’église de Villejuif.
Nous essayerons également de décortiquer le réseau pour comprendre comment Daesh agit sur le territoire national.
Nous vous tiendrons informés dans ce blog des évènements les plus marquants.