Accident d’un bus scolaire à Millas : le procès en appel s’est ouvert lundi en présence de la conductrice

Publié le 08 octobre 2024
Le Figaro
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Six collégiens avaient perdu la vie dans une collision entre leur bus et un TER en décembre 2017. Sept ans après les faits, le procès en appel de Nadine Oliveira s’ouvre à Aix-en-Provence.

Sept ans après l'accident de Millas (Pyrénées-Orientales), où six collégiens sont morts dans la collision entre leur bus et un TER, la conductrice était bien présente lundi à l'ouverture de son procès en appel, à Aix-en-Provence, toujours déterminée à prouver que les barrières étaient levées.

Condamnée en première instance à Marseille, Nadine Oliveira, 55 ans, n'entend pas changer de position: elle maintient qu'elle n'a pas percuté les barrières du passage à niveau, a indiqué à l'AFP son avocat, Me Jean Codognès, avant l'audience.

A l'ouverture des débats lundi, la défense a déposé des exceptions de nullité, notamment concernant l'expertise de l'accident. Selon la défense, l'expertise ayant été réalisée par des personnes retraitées d'Alstom, dont la SNCF est cliente, elle doit être annulée.

Un motif balayé par Me Manesse-Chemla, de la partie adverse: «oui, en France, Alstom et la SNCF ont un quasi-monopole sur ces questions ferroviaires, c'est comme ça». La constitution de partie civile des conducteurs du TER est aussi contestée par la défense.

Jugée responsable du drame, dans lequel 17 enfants avaient aussi été blessés, dont huit grièvement, après que le car a été littéralement coupé en deux, Nadine Oliveira a été condamnée à cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, pour homicides et blessures involontaires, en novembre 2022. Un jugement dont elle avait aussitôt fait appel.

 

«Là pour faire face à ses responsabilités»

La défense de Nadine Oliveira a aussi demandé la nullité du jugement de la première instance, au motif que le tribunal de Marseille avait refusé, en novembre 2022, de renvoyer le procès, alors que la prévenue avait été victime d'un infarctus au quatrième jour d'audience et avait dû être hospitalisée jusqu'à la fin des débats.

Arrivée au tribunal d'Aix en début d'après-midi, entourée de ses proches, dont sa fille, les cheveux auburn coupés court et vêtue d'un tailleur noir, Nadine Oliveira «n'a jamais manifesté la volonté de ne pas participer à son procès», a martelé Me Fagniez. «Nadine Oliveira est là pour faire face à ses responsabilités».

La quinquagénaire, qui vit aujourd'hui dans le Gard, a un «suivi psychiatrique» important et est «sous médicaments», selon ses conseils. Au début de l'audience, le président du tribunal a noté que selon un certificat médical du 1er octobre son état «contre-indique une station debout prolongée».

 

«J’y pense tous les jours»

Entendre Nadine Oliveira, c'est justement ce qu'espère Alicia Poveda, 19 ans, amputée d'une jambe dans l'accident. La jeune femme espère, cette fois, «avoir des excuses» de la part de la conductrice.

«J'attends qu'elle soit coupable et nous, victimes, pour de bon», a-t-elle confié à l'AFP.

La jeune femme raconte être «devenue adulte du jour au lendemain, à l'âge de 13 ans». «J'y pense tous les jours, tous les jours en me levant, j'ai une jambe en moins, ça a gâché ma vie, celle de mes parents, de tout le monde autour de moi».

Me Vanessa Brandone, qui représente plusieurs victimes, a demandé à la barre «de la décence» à la défense, dénonçant le fait que «Nadine Oliveira n'a cessé de s'ériger comme victime. Elle comparaît comme prévenue, et ça fait sept ans qu'elle conteste cette réalité».

Pour ce deuxième procès, les parties civiles, au nombre de 123 dans le dossier, sont bien moins nombreuses dans la salle d'audience qu'en première instance. Seuls une vingtaine, de jeunes victimes de l'accident et des parents d'enfants tués dans l'accident, étaient ainsi présents à l'ouverture des débats à Aix, et une trentaine au tribunal judiciaire de Perpignan, où les débats sont retransmis en direct.

L'avocat général Franck Lagier a requis le rejet des nullités demandées par la défense. La cour s'est retirée pour délibérer sur ces aspects et a suspendu l'audience jusqu'à mardi matin.

 

Le Figaro avec AFP

Pauline MANESSE-CHEMLA, avocate pour les victimes
Pauline MANESSE-CHEMLA
Avocat associé