Assises de la Marne : « Tonton banane » condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur mineurs
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Ce mardi 4 février 2025, John Aubertin a été condamné à 15 ans de réclusion devant la cour d’assises de la Marne au terme de quatre jours de procès. Le pédophile surnommé « Tonton banane » a fait onze victimes dans le quartier de Bernon à Épernay.
Ce mardi 4 février 2025, en ce dernier jour du procès de leur agresseur et violeur devant la cour d’assises de la Marne, les victimes sont présentes dans la salle, entourées de leurs proches. Elles sont soudées les unes aux autres, en rangs serrés à proximité de leurs avocates. Elles sont douze, âgées de 6 à 16 ans, victimes d’agressions sexuelles et de viols pour deux d’entre elles, des faits commis dans le quartier Bernon à Épernay entre 2015 et 2017 et à Soissons entre 2003 et 2004.
« Il s’agit d’une sordide histoire de pédophilie »
Toutes ces victimes attendent que justice passe, un besoin pour se reconstruire : « Se prouver qu’elles peuvent devenir des femmes fortes qui ne maltraitent plus leur corps, qui peuvent être heureuses malgré John Aubertin », plaide Me Biausque-Sicard. Sa consœur Me Duterme rappelle l’importance aussi « de replacer chacun de ces enfants à leur place de victime ». « Il s’agit d’une sordide histoire de pédophilie », résume Maître Pauline Manesse Chemla, remontée par la lenteur de la justice dans cette affaire dans laquelle une jeune soissonnaise violée dans une cave « attend depuis vingt ans ».
Des appels entendus par l’avocate générale qui a pris le temps de nommer chacune des victimes (garçons et filles) et d’énumérer les faits reprochés à John Aubertin, surnommé « Tonton banane » dans le quartier Bernon. « Ce voisin idéal qui agit comme un prédateur, les enfants sont des proies faciles » et qui « n’admet que du bout des lèvres » sa responsabilité. Elle requiert 14 ans de réclusion criminelle, un accompagnement contraignant à sa sortie pendant cinq ans et l’inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Comme tout au long du procès, Me Romdane s’est fait la voix de son client. « Lorsqu’il dit que ça lui a fait mal de voir les victimes à la barre, c’est un aveu », martèle-t-il avec force, reprenant la métaphore d’une carapace « forgée pendant l’enfance » qui se fendille. Les faits et les actes reprochés « lui renvoient l’image d’un homme qu’il a détesté ». « Je ne suis pas sûr que la prison soit la peine adaptée, il a besoin d’être accompagné. »
Depuis sa sortie en 2019 après deux ans de prison en préventive, il s’est installé chez des proches en Bretagne et a un emploi de chauffeur routier. « Il se reconstruit à son rythme. » Avant que le jury se retire pour délibérer, l’accusé a pris une dernièrement fois la parole pour « demander pardon ».
Il n’aura fallu que quatre heures aux jurés pour décider du sort de John Aubertin. Le verdict va au-delà des réquisitions du ministère public. L’accusé est condamné à 15 ans de réclusion criminelle, 8 ans de suivi sociojudiciaire avec obligation de soins et d’indemniser les victimes. Il encourt 3 ans de prison en cas de non-respect de ses obligations. Il a l’interdiction d’avoir une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec un enfant et son nom sera inscrit au Fijais.
Les victimes et leurs familles ont attendu de longues minutes dans la salle des pas perdus pour voir sortir « Tonton banane », menotte aux poignets, encadré par les forces de l’ordre. Ce soir, leur bourreau est en prison. Enfin, les jeunes victimes devenues de jeunes adultes dormiront plus sereinement.
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Les avocates des parties civiles, à gauche Maître Pauline-Manesse et à droite Maître Laura Kuntz, avocates au cabinet ACG à Reims.