« C’est une vraie reconnaissance de la souffrance des proches de Bastien » : 14 ans de réclusion criminelle pour les accusés

Publié le 07 avril 2025
L'Union
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Ce vendredi, après sept jours de procès intenses, les trois hommes jugés pour avoir battu à mort Bastien Payet le 9 mars 2019 ont été condamnés à 14 ans de réclusion assortis d’un mandat de dépôt.

Les faits

Samedi 9 mars 2019, vers 3 heures, Bastien Payet, 23 ans, est victime d’une violente agression rue Jeanne d’Arc à Reims. Grièvement blessé au niveau de la tête et du visage, il décède le lendemain au CHU.
Depuis le 27 mars 2025, trois hommes étaient jugés pour « des coups mortels en réunion » et une femme pour faux témoignage devant la cour d’assises de la Marne, à Reims. Ils encouraient sept ans de prison pour le faux témoignage ; 20 ans de réclusion pour deux accusés et la perpétuité concernant le 3e, la récidive légale étant retenue.
Durant les 6 jours d'audience, les accusés ont toujours maintenu leurs déclarations : ils étaient présents mais n’ont pas porté les coups qui ont tué Bastien Payet.
Jeudi, l’avocate générale avait requis 15 ans de réclusion pour Enzo Andolini et Oussama Zeroual, l’acquittement pour Osman Dogan, et six mois de prison ferme mais aménageable pour Léa B.

Écouter les plaidoiries des avocats de la défense, jeudi après-midi, a été au-dessus de leurs forces. Mais ce vendredi 4 avril 2025, Frédérique Couturier et Jean-Paul Gallimard, la maman et le beau-père de Bastien Payet, ont été les premiers à s’installer sur le banc de la partie civile. Les visages sont graves à quelques minutes de l’énoncé du verdict d’autant que la veille, l’avocate générale avait requis l’acquittement contre Osman Dogan, faute de preuve selon elle, et quinze ans de réclusion contre les deux autres accusés.

À l’approche du verdict, la salle d’audience de la cour d’assises de la Marne affichait complet. La famille de Bastien Payet côtoyant celles des accusés. Mais pour prévenir tout débordement, la présidente n’avait pas hésité à réclamer des moyens ; une vingtaine de policiers avaient ainsi pris place dans cette salle vite devenue trop petite. Si la tension était palpable, un silence assourdissant a accueilli l’entrée de la présidente et de ses deux assesseures.

Les proches en pleurs

À l’issue d’un délibéré de près de sept heures, la cour d’assises de la Marne a décidé de ne pas suivre les réquisitions de l’avocate générale. En revanche, elle n’a pas fait de distinction entre les trois accusés : Enzo Andolini, Oussama Zeroual et Osman Dogan ont été condamnés à 14 ans de réclusion criminelle, reconnus coupables des « coups mortels en réunion » qui ont tué Bastien Payet ce 9 mars 2019.

Du côté des accusés, c’est le choc. Dans la salle, la mère d’Oussama Zeroual vomit. À l’énoncé de ce verdict, Enzo Andolini pleure. Osman Dogan, lui, a le regard perdu dans le vide. Fidèle à l’attitude dont il ne s’est jamais départi durant le procès, Oussama Zeroual ne bronche pas.

Émilie Philippe, la présidente, motive la décision que la cour d’assises a été amenée à prendre à l’encontre des trois accusés. Pour faire simple, la magistrate évoque le témoignage des amis de Bastien présents ce 9 mars 2019, qui ont vu trois personnes autour du corps de la victime. Mais également la présence de traces de semelles de chaussures sur le visage de Bastien Payet. Elle considère également qu’Osman Dogan est à l’origine des évènements qui ont conduit à la mort de Bastien Payet. C’est lui qui a interpellé les deux amies de la victime, alors qu’il urinait contre la porte d’un garage. Chacun ayant porté au moins un coup à Bastien Payet.

Léa B., coupable de faux témoignage et contre qui avait été requis six mois de prison, est quant à elle condamnée à un an de prison, peine qui pourra être aménagée par le port d’un bracelet électronique.

La présidente ne s’est pas contentée de motiver sa décision : « La cour reconnaît également les grandes qualités humaines de ce jeune homme de 23 ans. »

Les proches de Bastien Payet, notamment ses trois amis, témoins de son agression, s’embrassent, en pleurs. Eux qui semblaient porter tout le poids d’une culpabilité, celle de ne pas être intervenus ce 9 mars 2019, affichent leur soulagement. « L’explication de la décision prise par la cour d’assises marque une véritable reconnaissance de la souffrance des proches de Bastien. Aujourd’hui, justice a été rendue », confiait avec une certaine émotion, Maître Manesse Chemla, l’une des avocates de la partie civile. Frédérique Couturier et Jean-Paul Gallimard ont été longuement applaudis à leur sortie de la salle d’audience.

Chacun des quatre accusés dispose désormais d’un délai de dix jours pour faire appel de ce verdict. L’un d’entre eux l’a fait dans la foulée.

Corinne Lange 

 

 

 

 

Pauline MANESSE-CHEMLA, avocate pour les victimes
Pauline MANESSE-CHEMLA
Avocat associé