Marne : un homme condamné à la perpétuité pour le meurtre d’un étudiant et le viol de sa petite amie

Publié le 25 novembre 2023
Le Figaro
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Par Guillaume Poingt - Le Figaro 

Condamné à 27 reprises depuis 1998, l’accusé cherchait «une fille à qui faire l’amour» le soir des faits. Sa peine est assortie d’une période de sûreté de 22 ans.

Un homme de 44 ans, Rudy Carlin, a été condamné ce vendredi 24 novembre par la cour d’assises de la Marne à la prison à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans. L’accusé a été reconnu coupable du meurtre d'un jeune homme et du viol de sa petite amie, en mai 2021.

«Il n'y avait pas d'autre option. La perpétuité est la seule décision qui s'imposait au regard de la dangerosité de Rudy Carlin», réagit auprès du Figaro Me Pauline Manesse-Chemla, avocate des parties civiles. Rudy Carlin a également été reconnu coupable d’une extorsion avec arme et d’une tentative d’enlèvement survenues en septembre 2020.

Une nuit d’horreur

Le 27 mai 2021 en début de soirée, Alexandre*, 20 ans, rejoint sa petite amie Justine*, 19 ans. Le couple d’étudiants se retrouve sur un parking à la sortie de Courville, un petit village dans la Marne. Alors qu’ils discutent, un conducteur à bord d’une Audi noire passe une première fois. Puis il revient et se stationne juste à côté d’eux.

Après leur avoir demandé «s’ils connaissaient quelqu’un qui vend du shit», l’homme sort soudainement de son véhicule armé d’un fusil. Paniqué, Alexandre tente de redémarrer. Sans succès. Sous la menace, les deux étudiants sont contraints de sortir de leur voiture. Puis l’agresseur ordonne à Justine de «monter dans le coffre» de l’Audi. Alexandre, qui s’était mis devant sa petite amie pour la protéger, se fait tirer dessus à bout portant. Touché à l’abdomen, l’étudiant meurt une dizaine de minutes plus tard.

Dans la foulée, l’assaillant force Justine à monter dans le coffre de son véhicule. La jeune fille parvient à cacher son téléphone portable dans son jean. Le conducteur démarre en trombe. Enfermée dans le coffre du véhicule, Justine parvient à envoyer un SMS à sa mère à 20h15 : «Je me suis fait enlever j’ai peur». Une minute plus tard, elle téléphone aux pompiers. «Il va m’enfermer, j’ai peur, je sais pas quoi faire», répète-t-elle, avant de raccrocher.

Sorti de prison en mars 2020

Lors d’un premier arrêt sur un petit chemin de campagne, le conducteur lui confie qu'il est récemment sorti de prison, en mars 2020. Il cherchait «une fille à qui faire l’amour», lui précise-t-il. L’homme - qui présente de nombreuses addictions -, boit de la vodka, fume du cannabis et ingurgite des médicaments alors que Justine est attachée sur la banquette arrière. Il n’hésite pas à la menacer de mort à plusieurs reprises : «Tu as vu ce que j’ai fait à ton copain. Si tu essaies de te sauver, je te fais pareil, j’ai un couteau».

Après avoir séquestré Justine dans son véhicule de longues heures, avec des passages par de multiples petites communes, il la viole à plusieurs reprises au bout de la nuit. S’ensuit un comportement «hésitant» laissant présager le pire. Au petit matin, il finit par déposer la jeune fille à 200 mètres de la gendarmerie de Gueux, à 8 km à l’ouest de Reims. Justine se confie immédiatement aux militaires.

Un suspect, bien connu de la justice, est rapidement identifié par les gendarmes : Rudy Carlin. Cet homme de 44 ans a déjà été condamné à 27 reprises entre 1998 et 2018, notamment pour enlèvement, violence avec usage d’une arme, vol aggravé, trafic de stupéfiants ou encore évasion. Il aurait commis ses premiers vols à l’âge de 12 ans, dans un contexte familial marqué par la violence de son beau-père.

Une tentative d’enlèvement en septembre 2020

Deux jours avant les faits, Rudy Carlin - sans domicile fixe depuis sa sortie de prison -, avait volé une Audi et trois fusils de chasse appartenant à un «ami» qui l'hébergeait. Placé en garde à vue, il reconnaît une grande partie des faits, notamment le viol de Justine, qu’il justifie par «une pulsion». «J’ai eu ce que je voulais (...) J’aurais bien voulu le refaire mais je voyais bien que ça ne lui plaisait pas (...) je me rends compte, tout ça pour un rapport sexuel d’un quart d’heure de merde, je regrette», détaille-t-il aux enquêteurs.

Rudy Carlin assure toutefois avoir tiré sur Alexandre par accident. Plus tard, lors de la reconstitution, il finira par reconnaître un tir volontaire pour «avoir Justine», assurant qu’il voulait seulement blesser le jeune homme et non le tuer.

Quelques mois avant les faits, le 6 septembre 2020, l’accusé s’en était pris à une veilleuse de nuit dans un hôtel de Charleville-Mézières (Ardennes). Il lui avait placé un couteau sur le ventre en lui réclamant de la «coke» et la caisse contenant environ 1000 euros. Il lui avait aussi volé ses clés de voiture. Alors que Rudy Carlin l’entraînait vers son véhicule, toujours sous la menace d’une arme, la jeune femme s’était débattue et était parvenue à s’échapper en trouvant du secours auprès d’un automobiliste.

Rudy Carlin avait été interpellé aux Pays-Bas le 10 septembre 2020. Sur instruction du parquet de Charleville, une convocation lui avait été remise pour se présenter au commissariat de Charleville le 14 septembre. Mais il ne s’y était pas rendu et n’avait ensuite pas été interpellé. Jusqu’à la nuit d’horreur de mai 2021.

*Les prénoms ont été modifiés

 

Pauline MANESSE-CHEMLA, avocate pour les victimes
Pauline MANESSE-CHEMLA
Avocat associé