"Rejeter la responsabilité sur les autres, c'est insoutenable": Au procès du déraillement du TGV Est, l'heure des réquisitions

Publié le 13 mai 2024
BFMTV

Trois personnes et trois sociétés dont la SNCF sont jugés depuis le 4 mars devant le tribunal correctionnel de Paris. Les trois premiers encourent trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, les trois entreprises 225.000 euros d'amende

Le parquet prend lundi ses réquisitions contre les trois personnes et les trois sociétés, dont la SNCF, jugées devant le tribunal correctionnel de Paris pour le déraillement meurtrier d'un TGV d'essai en Alsace le 14 novembre 2015, au terme d'un procès extrêmement frustrant pour les parties civiles.

11 morts et 42 blessés

Tout au long des deux mois d'audience, les prévenus - le conducteur de la rame, un cadre de la SNCF, un technicien de la société Systra en charge des essais, la SNCF, SNCF-Réseau et Systra - se sont renvoyés la responsabilité de l'accident, sans reconnaître la moindre faute.

Les trois premiers encourent trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, les trois entreprises 225.000 euros d'amende.

Tous sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité.

Survenu au lendemain des attentats meurtriers du 13-Novembre, l'accident de cette rame, qui effectuait des essais sur l'ultime portion de la ligne à grande vitesse entre Paris et Strasbourg avant son ouverture au public, a causé la mort de 11 personnes et faits 42 blessés.

Les prévenus nient leurs responsabilités

L'enquête a établi que le déraillement du TGV, qui transportait 53 personnes dont 35 "invités", était dû à sa vitesse excessive et son freinage tardif. Le train a abordé une courbe à 265 km/h, bien au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit.

Il a déraillé 200 mètres plus loin, heurtant le parapet du pont au-dessus du canal de la Marne au Rhin à la hauteur d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée de 243 km/h.

Tout au long de leur interrogatoire, les prévenus se sont ingéniés à nier leurs responsabilités. "Je n'avais rien à voir et (...) rien à dire concernant la conduite du train", a soutenu Philippe B, le technicien de Systra. Le conducteur, Denis T, s'est présenté en simple "exécutant" du cadre de la SNCF, Francis L, qui a assuré avoir respecté les consignes du chef d'essais de Systra... mort dans l'accident.

"C'est insoutenable"

Un représentant de Systra a ensuite affirmé que sa société avait "rempli l'ensemble de ses obligations". Seul celui de la SNCF a fini par concéder un "on a été mauvais".

Insuffisant pour les familles des victimes, qui ont laissé éclater leur colère à la barre. "Rejeter la responsabilité sur les autres, c'est insoutenable", a déploré le père d'une victime. "Ce 'on n'a rien à se reprocher' est insupportable", s'est emporté Me Gérard Chemla au nom d'une cinquantaine de parties civiles.

 

Gérard CHEMLA, avocat rémois réputé en matière pénale des victimes
Gérard CHEMLA
Avocat associé