Sid-Ahmed GHLAM et le manuel du “parfait petit terroriste”

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Les enquêteurs ont découvert à l’intérieur du véhicule de Sid-Ahmed Ghlam un classeur de vingt-sept feuilles volantes supportant des annotations manuscrites en langues française et arabe, précisant l’organisation d’un attentat, sorte de manuel pour futur terroriste.

Ce manuel du terroriste, dont Sid-Ahmed Ghlam précisera à l’audience qu’il était en permanence dans son sac à dos, permet de reconstituer ses projets et d’expliquer au moins en partie le déroulement des faits.

La présidente de la Cour d’assises spéciale en a fait une lecture intégrale lors de l’audience du jeudi 22 octobre, entièrement consacrée à l’interrogatoire de l’accusé principal.

Le classeur découvert laisse entrevoir la véritable réflexion et préparation engagée par Sid-Ahmed Ghlam, qui a consulté de manière quasiment compulsive depuis au moins le mois de juin 2014 de la documentation en rapport avec le jihad armé et l’entrainement des moudjahidines (nda : les combattants au nom de la foi) et rencontré à plusieurs reprises ses commanditaires sur zone.

Tous les éléments essentiels issus de ces lectures et formations ont été synthétisés et retranscrits sous forme de notes manuscrites, que Sid-Ahmed Ghlam, en étudiant “rigoureux”, a rassemblées dans ce classeur.

Y figurent de nombreux conseils pour la préparation et la réalisation de l’attentat, ou plutôt des attentats qu’il projetait :

• Sur les caméras de vidéosurveillance : “vérifier les caméras de la ville” ; “éviter les caméras de la ville” ; “éviter de trop relever la tête” ;

• Sur l’ADN : “se doucher avant l’opération”, “faire attention aux cheveux”, “des gants”, “ne pas cracher”, “pas de sang”, ”pas d’ADN”, “ne rien toucher” ;

• Sur son allure : “mettre de nouveaux vêtements”, “changer la façon de marcher” ;

Les documents retrouvés démontrent la grande détermination dont fait preuve Sid-Ahmed Ghlam, qui écrit clairement sa volonté de “tuer le plus possible”.

Surtout, les documents retrouvés montrent que Sid-Ahmed Ghlam n’avait pas l’intention de mourir en martyr lors de son premier attentat.

En effet, il met au point une stratégie de fuite basée sur un changement d’apparence “pendant l’opération”, et évoque l’”après opération”, et des solutions de repli “chez la sœur" ou “chez (sa) mère”.

Il prévoit trois tenues différentes, et plusieurs vêtements ont d’ailleurs été retrouvés dans son véhicule à côté d’un gyrophare, une kalachnikov, des chargeurs, deux armes de poing, deux couteaux, un gilet pare-balles, un gilet tactique...

Les questions qu’il se pose prouvent sa volonté de survivre et ne pas être identifié : “ou est-ce que je mettrai la voiture quand je serai arrivé chez la sœur ?".

De plus, Sid-Ahmed Ghlam parle très clairement d’une “opération normale” puis d’une “opération finale”.

Enfin, dans ses notes, il fait référence à deux véhicules qu’il désigne ainsi : “la voiture” et “ma voiture”.

Cette référence à un second véhicule donne une explication à l’assassinat d’Aurélie Chatelain.

C’est parce que Sid-Ahmed Ghlam souhaitait utiliser un véhicule tiers, toujours dans la logique de ne pas être identifié et de pouvoir poursuivre son parcours terroriste, qu’Aurélie Chatelain a été tuée.

Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’il allait se blesser en rengainant l’arme...

Devant la Cour d’assises, les experts ont précisé que la blessure de Sid-Ahmed Ghlam n’était pas invalidante et ne l’empêchait pas de poursuivre son action, ce qui fait dire à la Défense qu’il se serait volontairement désisté de son projet mortifère.

Cependant, les constatations et investigations ont montré que Sid-Ahmed Ghlam avait perdu beaucoup de sang et que la blessure était douloureuse.

Le plan, qui prévoyait de passer inaperçu, de ne pas être identifié pour pouvoir mener d’autres actions, et de ne pas laisser de trace, tombait donc à l’eau.

Il avait d’ailleurs envisagé cette hypothèse dans ses notes :

“Sang --> Prendre la fuite”

Après s’être blessé, il ne lui restait plus qu’à se faire soigner et remettre à plus tard son projet terroriste.

C’était sans compter sur le fait qu’une blessure par arme à feu allait nécessairement attirer l’attention des secours et l’intervention de la police, qui allait finalement découvrir l’arsenal dont il disposait et déjouer ses plans.

Malgré tout, tout au long de la phase d’instruction, et jusqu’à cet instant du procès, Sid-Ahmed GHLAM n’a cessé de se positionner outrageusement en “héros repenti” dont la blessure volontaire aurait constitué l’unique moyen de stopper son action tout en évitant des représailles de l’État Islamique...

Thèse qui ne convainc personne.

Lors d’un très long interrogatoire, Me Chemla s’est attelé à pointer les innombrables incohérences et à confronter Sid-Ahmed Ghlam à ses contradictions.

Pôle attentats, Cabinet ACG

 

 

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