Affaire Vincent LAMBERT : une démission ?
Hier matin, en sortant de chez moi, j’ai buté contre un clochard qui avait dormi par terre. J’ai pesté contre son chien et l’odeur d’urine qui régnait tout en me sentant un peu honteux d’avoir à enjamber la misère. Il est vrai que nous traversons une période économiquement dure qui produit beaucoup de déclassés et d’immigration alimentaire.
Dans la journée, j’ai entendu que les médecins de Vincent LAMBERT ont annoncé qu’ils ne pouvaient pas prendre de décision en l’état et renvoyé à la justice le soin de désigner un référent (pseudo tuteur) pour permettre que la personne en cause soit représentée par un tiers neutre.
Cette décision a été prise, n’en doutons pas, du fait du climat de haine et de menace qui s’est installé autour de la démarche médicale.
Manifestants dans la cour de l’hôpital (comme aux Etats-Unis devant les prisons à la veille d’une exécution), prise de position de l’Eglise, de ceux qui proposent de noyer les immigrés clandestins, énorme pression médiatique et surtout une plainte de plus de 40 pages pour tentative d’assassinat à la veille de la décision déposée contre l’hôpital, le Dr Kariger et les médecins en charge de la décision.
Cette façon de faire a déjà fonctionné avec le Dr Kariger qui, après un combat épuisant, a baissé les bras il y a quelque temps et abandonné sa carrière après avoir été traité de nazi et de bourreau par de braves citoyens.
Il faut bien comprendre que s’opposent d’un côté des gens qui font leur travail de médecin dans ce qu’il a de plus terrible (l’accompagnement vers la mort), de l’autre un groupe fanatisé pour la défense de la vie, coute que coute, y compris au prix de la maltraitance et de la volonté de la personne concernée.
La mécanique qui fonctionne depuis près de 4 ans est bien rodée :
1/ inviter ceux qui n’en ont pas la compétence à poser un diagnostic
L’idée est de faire croire que les médecins ne peuvent pas être crus dans leurs expertises (« personne ne peut savoir » « et si un jour il se réveille ? » « ils ne veulent pas désavouer leur confrère »). On invite donc le spectateur (car nous avons été transformés en spectateurs arbitres), voire les juges à substituer son avis au diagnostic.
2/ utiliser des images choc
Sachant qu’ils vont s’adresser à des spectateurs manipulables, les animateurs du mouvement d’opinion contre l’arrêt des soins vont utiliser des images permises par l’état bien particulier de Vincent Lambert (coma Pauci Relationnel c’est-à-dire qui permet des mouvements réflexes : ouverture des yeux, mouvements des membres….) pour nous persuader qu’il a conservé sa conscience.
Un parlementaire au moment de la discussion de la loi sur l’avortement avait ainsi ramené à la tribune de l’assemblée un fœtus… d’autres avaient traité Simone Veil qui avait survécu à Auschwitz, de Nazie.
3/ mettre en place un rapport de force transformant le professionnel en criminel
En attaquant directement le professionnel, en le présentant à la vindicte populaire, on le déstabilise alors qu’il essaye simplement d’accomplir sa profession avec humanité et dans le respect d’une loi difficile (et un peu hypocrite).
Qui va choisir de mettre en péril son quotidien simplement pour bien faire son métier ?
4/ présenter en parallèle une solution d’apaisement qui permet aux « spectateurs » d’y trouver leur compte.
Les parents clament haut et fort que si on ne veut plus soigner leur fils, qu’on le leur rende, ils s’en occuperont.
Ainsi proclament-ils que leur fils leur appartient.
Quel adulte marié et père de famille accepterait aujourd’hui qu’on dise qu’il appartiendrait à ses parents ?
Pour éliminer l’avis de sa femme, ils la traitent de menteuse et laissent supposer qu’elle aurait un intérêt financier (ou pire, sexuel) à un décès qu’elle souhaiterait de façon égoïste.
ET CA MARCHE !!!!
Les uns et les autres laissent entendre qu’après tout, les parents ont bien le droit de soigner leur enfant, que la femme a peut-être quelque chose à cacher…
La loi et aujourd’hui la Cour Européenne décident que l’être humain n’appartient à personne d’autre qu’à lui-même et ont imaginé une procédure pour éviter l’acharnement thérapeutique considéré comme de la maltraitance. Dans cette procédure, les proches sont concertés mais la décision est laissée au médecin qui est censé pouvoir, après cette consultation, prendre de la façon la plus objective la décision qui s’impose.
Ajoutons que traditionnellement, le pouvoir cède assez systématiquement devant les pressions de tous ordres. A raison celui qui crie le plus fort. C’est pour cette raison que les vieux pays comme le nôtre sont dirigés par des démagogues qui cèdent dès que le ton se durcit.
Je comprends que les autorités médicales aient appelé la justice à leur secours.
Il faut que les citoyens éclairés, c’est-à-dire qui ne se laissent pas aller simplement à leurs émotions, équilibrent la donne et ramènent un peu de raison dans tout ce vacarme.
Si je savais prier, je prierais pour ne jamais avoir à « débrancher » un être que j’aime et qu’on ne s’acharne pas pendant sept ans sur mon corps au prétexte d’une vie sans conscience, qu’on ne laisse pas ma femme et mes enfants spectateurs impuissants d’un coma et d’une agonie interminables.
Au fait, avez-vous rédigé vos directives anticipées ?
G CHEMLA
Dans la même thématique
Une évolution malencontreuse s’agissant du préjudice d’angoisse de mort imminente
Réforme de la procédure pénale : quels sont les apports de la loi du 20 novembre 2023 entrée en vigueur le 30 septembre 2024 ?
La loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027 du 20 novembre 2023 est entrée en vigueur le 30 septembre 2024.
Plusieurs articles étant consacrés à la matière pénale, retour sur les modifications apportées par cette loi et leur incidence procédurale.
Au niveau de l’enquête :
Quelles réponses face au harcèlement scolaire ?
La Cour de cassation confirme sa position en alignant la pension d’invalidité sur le régime de la rente accident du travail
La Cour de cassation opère un revirement attendu sur la rente accident travail
Une injustice existait depuis longtemps pour les victimes d’accident du travail qui voyaient diminuer leur indemnisation du déficit fonctionnel permanent en cas de rente AT.
En effet, la Cour de cassation avait décidé que la rente versée aux victimes d’un accident du travail devait être déduite des postes professionnels (pertes de gains professionnels futurs et incidence professionnelle), ce qui se comprenait, mais aussi du déficit fonctionnel permanent. Ce qui était très largement décrié par les avocats de victime.
L’arrêt V13 (attentats du 13 novembre 2015)
Les frères CLAIN : mort non officielle et condamnation exemplaire
A la fin du mois de février 2019, les médias ont annoncé la mort des frères Fabien et Jean-Michel CLAIN, jihadistes français, acteurs majeurs de la propagande francophone de l’État islamique, dans des frappes de la coalition internationale.
La Taqqiya ou l’art de la dissimulation dans le jihadisme
La Cour d’assises antiterroriste spécialement composée de magistrats professionnels juge en ce moment-même vingt individus accusés d’avoir participé aux attentats du 13 novembre : coordinateurs, membres de commandos, logisticiens…
Les débats qui ont lieu sur l’île de la cité, au sein du Palais de justice historique, dans une salle d’audience spécialement construite et aménagée en vue de ce procès, ont à plusieurs reprises fait référence à la Taqqiya.
Procès de l’attentat de Villejuif : Plaidoirie de Gérard CHEMLA
‘Juger c’est comprendre et je ne vous comprends pas Monsieur GHLAM’
Quelques rappelsLe dimanche 19 Avril 2015 au petit matin, Sid Ahmed GHLAM, jeune étudiant parisien dont la famille est installée à St Dizier (52), avait comme projet de s’attaquer aux fidèles de l’église Ste Thérèse de Villejuif.
Les réquisitions dans le procès du projet d’attentat de Villejuif
"On a toujours parlé à tort de l'attentat manqué de Villejuif. C'est oublier qu'Aurélie Châtelain a été assassinée ce dimanche 19 avril sur un parking de Villejuif (…) Elle a été la première et heureusement la seule victime de l'attentat de Villejuif. (...) Elle avait 32 ans et toute la vie devant elle".
Ce sont les premiers mots des avocates générales ce lundi 2 novembre, qui aux termes d’un réquisitoire de six heures, ont requis la condamnation de l’ensemble des accusés.