Crash du Concorde : place au réquisitoire
TF1 NEWS : Par Alexandra Guillet
Après trois mois et demi d'audiences, le procès du crash du concorde qui a fait 113 morts en 2000 à Gonesse, touche à sa fin.
Après les plaidoiries des parties civiles ces trois derniers jours, le réquisitoire du parquet va occuper le reste de la semaine, à compter de ce jeudi après-midi, dans l'affaire du crash du Concorde, qui a fait 113 morts le 25 juillet 2000 à Gonesse. Mercredi, les parties civiles ont achevé leurs plaidoiries en demandant au tribunal correctionnel de Pontoise de prononcer dans quelques mois un jugement "symbolique" de l'importance de la sécurité aérienne. "Je demande que votre juridiction prenne une décision importante, symbolique sur ce qui s'est passé", afin de "dire que la sécurité, c'est essentiel", a conclu Me Christian Bousserez, l'un des avocats les plus assidus depuis le début du procès il y a trois mois et demi.
"Comment peut-on tourner la page quand on a assisté à un événement pareil ?", a-t-il demandé au nom de sa cliente, Sabrina Manou, "traumatisée" depuis que le Concorde en feu avait frôlé, le 25 juillet 2000, la voiture dans laquelle elle circulait avec sa nièce de trois ans. Le supersonique s'était écrasé quelques mètres derrière elle, à Gonesse (Val d'Oise), faisant 113 morts dont quatre au sol.
Pour Air France, Continental Airlines est 100% responsable
Lundi, les avocats d'Air France avaient imputé à la compagnie américaine Continental Airlines l'entière responsabilité de l'accident. Pour les conseils de la compagnie française, c'est bien une lamelle de titane, perdue par un DC10 de Continental Airlines ayant décollé quelques minutes avant le Concorde, qui a provoqué l'accident. Il parait "au niveau statistique, pratiquement inconcevable", qu'un pneu du supersonique ait précisément roulé sur cette lamelle, a reconnu Me Garnault, pour mieux balayer les objections que ne manqueront pas de soulever les avocats de la compagnie américaine. Mais "quelqu'un qui aurait fabriqué une bombe ayant explosé au moment où les victimes étaient là par le plus grand des hasards, ne va-t-on pas le condamner pour homicide involontaire ?", a-t-il argumenté.
En réparation des préjudices subis du fait de l'accident, Air France réclame 15 millions d'euros, ont détaillé ses avocats. Soit "trois fois cinq millions d'euros", au titre de l'atteinte à son image et à sa réputation, du traumatisme de son personnel dû à la perte de l'équipage et des passagers et du préjudice de "dénigrement". Durant le procès, la défense de Continental Airlines a en effet mis en cause de façon répétée la maintenance des Concorde par Air France et la préparation du vol en question.
"Consanguinité" entre les acteurs de l'aviation en France
Mardi, les avocats de la Fédération nationale des victimes d'accidents collectifs (Fenvac) ont pour leur part dénoncé une "consanguinité" entre les principaux acteurs de l'aviation en France. L'un des avocats de la fédération, Me Sébastien Busy, a évoqué devant le tribunal correctionnel de Pontoise les liens étroits entre le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), le constructeur Aéropatiale (aujourd'hui fondu dans EADS) et la compagnie Air France. Etant donné cette "consanguinité", "comment s'étonner qu'Air France n'ait pris pour cible que Continental Airlines?", s'est insurgé Me Busy. La Fenvac demande pour sa part que tous les prévenus soient condamnés à lui verser solidairement 500.000 euros.
Le procès, entamé il y a trois mois et demi, s'achèvera le 28 mai prochain et le jugement devrait être mis en délibéré à la fin de l'année.
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