Article paru dans l'Union le 14 juin 2008
Do, alias Dominique Savarin-Grosselin, a passé le procès Fourniret à croquer ses principaux acteurs. Aujourd'hui, elle livre sa vision de l'affaire en une série de vingt-cinq dessins en noir et blanc.
Michel Fourniret et Monique Olivier réunis par un seul cerveau, le visage de Fourniret au milieu d'un échiquier, le château du Sautou et sa tête de mort…
Deux semaines après le verdict, Do ouvre encore son porte-documents tous les jours. Elle en tire vingt-cinq dessins en noir et blanc. Et continue à travailler à la série.
« C'est ma vision du procès », indique l'Ardennaise qui s'est intéressée à l'événement d'une part parce qu'elle habite Ville-sur-Lumes et que la soeur de Fourniret y a eu une maison et d'autre part parce que ce procès marquera l'histoire judiciaire locale et qu'elle voulait se forger sa propre opinion.
« J'ai assisté aux débats pratiquement tous les jours », confie-t-elle. « J'ai eu la chance d'accéder à la salle principale et de pouvoir ainsi observer tous les acteurs. C'est une expérience très troublante que de restituer sa perception des accusés et des avocats. »
Tâches ou points
Dominique Savarin-Grosselin est effectivement très loin de ses thèmes habituels. Ancienne élève des Beaux-Arts, Do a été médaillée dans différents concours. Après avoir travaillé dans la décoration et la publicité, elle a arrêté son activité professionnelle au profit de l'éducation de son fils.
Elle continue désormais un travail de dessin plus personnel. Existant aussi en format carte postale, ses Rimbaud sont encore visibles à la vitrine de la librairie portant le nom du poète, rue piétonne. Il s'agit de variations autour des portraits célèbres de l'homme aux semelles de vent.
Avec le tueur en série et son épouse, l'Ardennaise a choisi un travail en tâches. Elle utilise aussi le pointillisme dans d'autres travaux.
Transcrire des sentiments
« Je ne voulais pas verser dans la caricature », précise-t-elle. « Ce n'est pas mon style. En revanche, je trouve que le noir et blanc se prêtent parfaitement à une interprétation du couple Fourniret-Olivier ». Do n'imagine pas une seconde de la couleur, elle ne voit que le noir pour faire ressortir l'expression du Mal.
« Pour moi, le dessin est une poésie muette », livre-t-elle. « Dans cette sinistre affaire Fourniret- Olivier, un oeil attentif permet à la main de transcrire des sentiments différents de l'horreur ressentie au procès. Il faut évoquer, suggérer, faire appel à sa sensibilité, sa conscience pour transmettre l'invisible, transcrire son émotion ».
Pour l'instant, les dessins sont destinés aux parties civiles. Nombre de familles ont demandé à Do un portrait de leur avocat.
La série en comporte plusieurs de Me Chemla et de Me Lombard.
Elle rend aussi hommage au policier de Charleville et à l'huissier qui se sont dévoués pendant tout le procès : « Ils ont été aux petits soins pour les uns et les autres, c'était bien normal de leur faire ce clin d'oeil », glisse-t-elle.
Des médias nationaux lui ont aussi demandé des copies de ses dessins pour illustrer des sujets. Ils pourraient encore se glisser en couverture ou à l'intérieur de livres à paraître.
Christelle Lefebvre
Dans la même thématique
Une évolution malencontreuse s’agissant du préjudice d’angoisse de mort imminente
Réforme de la procédure pénale : quels sont les apports de la loi du 20 novembre 2023 entrée en vigueur le 30 septembre 2024 ?
La loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027 du 20 novembre 2023 est entrée en vigueur le 30 septembre 2024.
Plusieurs articles étant consacrés à la matière pénale, retour sur les modifications apportées par cette loi et leur incidence procédurale.
Au niveau de l’enquête :
Quelles réponses face au harcèlement scolaire ?
La Cour de cassation confirme sa position en alignant la pension d’invalidité sur le régime de la rente accident du travail
La Cour de cassation opère un revirement attendu sur la rente accident travail
Une injustice existait depuis longtemps pour les victimes d’accident du travail qui voyaient diminuer leur indemnisation du déficit fonctionnel permanent en cas de rente AT.
En effet, la Cour de cassation avait décidé que la rente versée aux victimes d’un accident du travail devait être déduite des postes professionnels (pertes de gains professionnels futurs et incidence professionnelle), ce qui se comprenait, mais aussi du déficit fonctionnel permanent. Ce qui était très largement décrié par les avocats de victime.
L’arrêt V13 (attentats du 13 novembre 2015)
Les frères CLAIN : mort non officielle et condamnation exemplaire
A la fin du mois de février 2019, les médias ont annoncé la mort des frères Fabien et Jean-Michel CLAIN, jihadistes français, acteurs majeurs de la propagande francophone de l’État islamique, dans des frappes de la coalition internationale.
La Taqqiya ou l’art de la dissimulation dans le jihadisme
La Cour d’assises antiterroriste spécialement composée de magistrats professionnels juge en ce moment-même vingt individus accusés d’avoir participé aux attentats du 13 novembre : coordinateurs, membres de commandos, logisticiens…
Les débats qui ont lieu sur l’île de la cité, au sein du Palais de justice historique, dans une salle d’audience spécialement construite et aménagée en vue de ce procès, ont à plusieurs reprises fait référence à la Taqqiya.
Procès de l’attentat de Villejuif : Plaidoirie de Gérard CHEMLA
‘Juger c’est comprendre et je ne vous comprends pas Monsieur GHLAM’
Quelques rappelsLe dimanche 19 Avril 2015 au petit matin, Sid Ahmed GHLAM, jeune étudiant parisien dont la famille est installée à St Dizier (52), avait comme projet de s’attaquer aux fidèles de l’église Ste Thérèse de Villejuif.
Les réquisitions dans le procès du projet d’attentat de Villejuif
"On a toujours parlé à tort de l'attentat manqué de Villejuif. C'est oublier qu'Aurélie Châtelain a été assassinée ce dimanche 19 avril sur un parking de Villejuif (…) Elle a été la première et heureusement la seule victime de l'attentat de Villejuif. (...) Elle avait 32 ans et toute la vie devant elle".
Ce sont les premiers mots des avocates générales ce lundi 2 novembre, qui aux termes d’un réquisitoire de six heures, ont requis la condamnation de l’ensemble des accusés.